Et si on parlait chiffons ?

Un chiffre : il faut 7500 litres d’eau pour fabriquer un seul jean. Vous vous dites que ça fait beaucoup, mais il n’est pas simple de se représenter 7500 litres. Pour vous donnez une idée, cela représente l’équivalent de l’eau bue par un être humain pendant 7 ans. Voilà. Un chiffre qui donne le tournis lorsque l’on regarde combien de jeans garnissent les placards de chacun d’entre nous.*

*Chiffre issu du rapport des Nations Unies en 2019.

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À l’heure de la fast-fashion, c’est-à-dire de la surconsommation du textile via des effets de modes de plus en plus éphémères, comment réagir par rapport au contenu de son dressing ? Si le boycott peut sembler être une bonne solution de prime abord, il ne faut pas non plus oublier que des millions de personnes vivent dans cet engrenage de l’industrie textile. Mais alors, comment agir à son échelle pour s’habiller de façon plus modérée ? Voici quelques pistes qui pourront aider dans les critères de choix. 

Faire attention à la provenance des vêtements 

Vouloir acheter des vêtements neufs, encourager l’économie du textile oui, mais à condition de se référer à la provenance des vêtements est une première bonne idée. N’oublions pas tout d’abord le drame qui s’est produit en avril 2013 au Bangladesh, avec l’écroulement du Rana Plaza et le décès de 1130 ouvriers (et 2000 blessés), pointant du doigt les conditions de travail précaires. Pensons également aux conséquences des confinements en 2020 : si les Occidentaux n’ont pas autant consommé (bien que la planète aie pu souffler le temps des confinements), les chutes des ventes ont eu des répercussions… sur les revenus des ouvriers qui travaillaient dans le textile (pour une bouchée de pain) dans des pays déjà si fragilisés. 
Quelques lignes ont légèrement bougé depuis, notamment la création du label World Fare Trade Organization (WTFO) par un audit indépendant, qui recense 23 entreprises qui sous-traitent leur production dans des pays comme le Bangladesh (dont les plus grands noms de l’industrie textile ne figurent pas… !). Attention donc à la provenance des vêtements à moindre coût, dont l’éthique n’apparait pas sur l’étiquette… 

Le saviez-vous ? 

Depuis le milieu des années 2000, la loi française a mis en place une REP (Responsabilité Elargie du Producteur), au même titre que pour l’électroménager ou, le papier ou le verre, qui permet à chaque achat de verser une écocontribution à l’organisme Refashion, qui verse ensuite des financements aux recycleurs et aux trieurs. 

La récup et la seconde main, c’est bien ? 

La récup a toujours existé, et au XXème siècle, il était même bon ton pour les riches de ne porter que des vêtements qui avaient déjà été usés par leurs domestiques !** 
Aujourd’hui, le marché de la seconde main, via les sites de revente comme Vinted, Iletaitplusieursfois.com ou LeBonCoin ont donné un nouvel essor aux vêtements de seconde main. Les friperies font leur grand retour sur le devant de la scène, et il est observé que la génération « Z » (13-18ans) serait celle qui achète le plus de seconde main. Avec un pouvoir d’achat plus important (les vêtements auparavant inaccessibles peuvent arriver dans leur dressing), les adolescents et jeunes adultes sortent ainsi des diktats de la mode, et se démarquent à travers des formes de consommation plus collaboratives et plus proches de leurs valeurs écologiques. 
** propos recueillis de l’historienne Nicole Pellegrin 

Derrière ce marché Ô combien fructueux… 

La seconde main, c’est toujours mieux que l’achat de vêtements flambants neufs qui viennent de traverser un demi-globe pour arriver dans votre dressing. Pas de débat là-dessus. En revanche,on observe ces dernières années que le consumérisme en ligne sur les sites de seconde main peut devenir tout aussi boulimique par certains. Un vêtement pas cher, une vendeuse qui a dans son dressing d’autres vêtements à bas prix, pourquoi se priver finalement ? Et c’est ainsi qu’un nouveau cercle vicieux peut vite devenir problématique. Acheter de seconde main pour les bonnes raisons oui, remplir de façon excessive son dressing de choses dont on n’a pas besoin, c’est non ! 

Les p’tits conseils pour se vêtir sans rougir 

  1. Faire le tri dans son dressing, et réaliser une liste de ce dont on a VRAIMENT besoin. C’est aussi une bonne occasion de redécouvrir ses vêtements, se les réapproprier ou au contraire en faire don à l’entourage si cela ne nous va/plait plus ! 

  2. Se déconnecter, ne pas se rendre dépendant des applications de vente.
    Favoriser les friperies, le contact avec les autres ! 

  3. Se discipliner, comme le propose la Youtubeuse anti fast-fashion « Iznowgood », du « in and out » : à chaque fois que j’achète un vêtement, j’en revends ou donne un autre. 

  4. Ne pas acheter en trop grande quantité ! Acheter mieux c’est bien mais finalement, acheter moins c’est (encore) mieux ! 

Et puis finalement, ce qui importe aussi beaucoup c’est de ne pas se mettre trop la pression quant à certains achats qui parfois auraient pu être plus raisonnés, moins ceci ou plus cela. Car la notion de plaisir reste tangible, à condition d’être mesuré dans ce que l’on achète, afin de ne pas perdre le fil !